Monday, November 13, 2006

Sous le couvert de « liberté d’expression »

Edward Said répétait souvent : “De toute façon, on a un choix à faire, soit oeuvrer pour la paix, soit oeuvrer pour la guerre”. Force est de constater que les tenants de la seconde « solution » ne chôment pas ces derniers temps.

C’est tout de même incroyable, qu’en France, en 2006, un journal comme le Figaro juge normal de publier un brûlot comme celui de Robert Redeker "Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ?". Il est clair, aujourd’hui, que cette banalisation d’Islamophobie par une bonne partie des médias Français, est motivée par des dessins politiques locaux ou globaux… Mais cette stratégie, sur le long terme, sera vouée à l’échec.

A noter la pertinente analyse de Pierre Tévanian qui résume bien le climat social actuel en France, et qui nous explique comment le chemin le plus court à la gloire, dans ce pays, n’est pas (plus ?) la Star Académie, mais bien l’Islamophobie…

Thursday, July 27, 2006

La défaite de l’humanité

L’UEFA, l’instance dirigeante du football Européen, vient de demander à Israël des garanties de sécurité lors du déplacement des clubs Européens dans l’Etat juif. Soit.

Mais, au fait, quel type de garantie ces têtes bien pensantes Européennes attendent-elles ?

Que l’état Hébreu les assure que d’ici le début de la saison footbalistique en Europe, Israël serait le lieu le plus sur du monde, puisque le Liban, la Palestine ou ce qu’il en reste, seraient rasés ?

Et, tenez, M. Johansson et cie, qu’en est t-il de demande de garanties de sécurité à Israël pour les enfants Libanais et Palestiniens jouant au foot ? Ah, j’ai oublié, ce n’est que de la racaille …

Ces têtes bien pensantes clament haut et fort vouloir combattre le racisme, alors qu’ils n’osent pas boycotter un état raciste.

Business as usual…

Tuesday, April 11, 2006

Vous avez dit Transparence !

Je me joins aux autres bloggeurs pour dénoncer la menace de licenciement à l’encontre de Rachid Jankari, responsable de la rubrique technologie à menara.ma (propriété de Maroc Telecom), dont le seul « crime » a été …, je vous ménage le suspens, de révéler sur son blog, une affaire de corruption au sein du DEPTI (département de la Poste et des Technologies des Informations). Cette affaire survient en même temps que « les malheurs d’un Caid (trop) honnête » révélés par Tel Quel.

Décidément, le plus beau pays du monde va bien. Très bien même…

Sunday, March 05, 2006

“Al-Jazira” vue par Fouad Laroui

Comme Fouad Laroui, j’ai connu sur le tard Al-Jazira, il y a 2 ou 3 ans. Malgré (ou en raison de) sa notoriété dans le monde et surtout sur la scène Arabe, j’avais la crainte que cette chaîne faisait du populisme son pain quotidien. Seulement voilà, Al-Jazira est bien mieux que cela. Elle n’est, sans doute, pas exempte de reproches, mais elle est largement moins critiquable que les CNN, MSNBC sans parler bien sur de Fox News…

Fouad Laroui s’est abonné, l’année dernière, à Al-Jazira, et l’a suivie systématiquement pendant un an. Il vient de livrer sur les colonnes de Jeune Afrique/l'Intelligent, ses impressions sur la plus fameuse chaîne Arabe. Son analyse, agrémentée de l’humour qui lui est caractéristique, est d’une pertinence incontestable. Laroui, notamment, révoque l’étiquette « pro Islam radical » qu’on a voulu coller à la chaîne ici et là et conseille aux US de, plutôt, la subventionner…

Tuesday, February 07, 2006

Des enjeux politiques de la polémique des caricatures

Nous avons déjà entamé le débat sur la controverse liée aux caricatures scandaleuses du prophète. Il y a été question, notamment, du caractère haineux des dites caricatures bien sur, mais aussi de l’incohérence des musulmans quant au sentiment vis-à-vis des différents prophètes, de la réaction exagérée de certains musulmans ayant eu recours à la violence, du bien fondé ou non du boycott de point de vue éthique, ou de l’incohérence régnante en occident dans l’application trop biaisée du concept de liberté d’expression. D’autres points ont été soulevés également.

Qu’en t-il des enjeux politiques ? Beaucoup ont émis l’hypothèse selon laquelle la controverse serait revenue sur scène, quatre mois après son déclenchement, en raison d’une visite de quelques religieux musulmans du Danemark au Moyen Orient où ils auraient informé les leaders locaux de la gravité de l’affaire. Ces derniers auraient profité de l’aubaine pour détourner l’attention de leurs peuples de leurs souffrances actuelles et récurrentes telles que le scandale meurtrier lors du dernier pèlerinage ou, sur un plan plus général, leur lutte quotidienne pour la démocratie et pour les droits de l’homme. Cette analyse est un peu tronquée, car elle omet de mentionner qu’un journal Norvégien avait pris la liberté de republier les caricatures le 10 Janvier, prenant ainsi une grande responsabilité dans la recrudescence des manifestations. Ceci dit, l’analyse ci-haut comprend une part de vérité.

Indépendamment de ces considérations, il est important de prendre un peu de recul par rapport à l’indignation légitime suscitée par les caricatures. Il serait notamment crucial pour les musulmans de réclamer justice dans le cadre du droit démocratique. Cela implique qu’ils ne doivent pas récuser aveuglement le principe de liberté inconditionnelle de la presse avancé ici et là, car cela sous-entendrait que l’Islam s’oppose aux lois démocratiques. Si la loi dans un pays quelconque dicte que tout organe d’informations jouit de liberté totale de publier quoi que ce soit et que le seul recours pour les victimes éventuelles d’un lynchage quelconque est le recours à la justice qui pourrait, le cas échéant, punir l’organe en question, nous devrions l’accepter car cela relève du jeu démocratique. En conséquence, nous ne devrions pas, non plus, crier au scandale si les pays concernés n’émettent pas d’excuses au monde musulman en avançant qu’ils ne peuvent agir qu’une fois la justice saisie et que cette dernière déclare coupables les journaux incriminés. Car, en agissant de la sorte, nous serions encore une fois entrain de demander à ces pays de transgresser les principes de la démocratie. Je relève, au passage, que contrairement à la Isabelle Guigou (1), Jacques Chirac n’a pas adopté cette posture en déclarant seulement que la liberté d'expression était un des fondements de la République, et en appelant chacun au plus grand esprit de responsabilité, de respect et de mesure, sans pour autant mentionner explicitement que la justice pouvait être saisie et, que, le cas échéant, les journaux incriminés pouvaient être punis en conséquence.

Evidemment, les musulmans pourraient très bien dénoncer les gouvernements qui gêneraient la justice dans ses délibérations sur cette affaire ou même dénoncer la justice si elle se montre partiale ou incohérente par rapport à des polémiques précédentes (2). Du reste, les caricatures (du moins celle avec la bombe au lieu du turban, et celle liée aux vierges) sont d’un caractère tellement haineux et raciste que je ne vois pas comment une justice impartiale pourrait acquitter les journaux les ayant publiées.

Par cette attitude, les musulmans montreraient qu’ils ne sont pas contre les principes fondamentaux de la démocratie, notamment la liberté d’expression inconditionnelle d’une part, et la punition des violations de la loi après saisie de justice d’autre part. Cela, d’abord, couperait le souffle aux opportunistes occidentaux qui aimeraient profiter de cette occasion pour véhiculer davantage l’idée que l’Islam, par essence, est contre les libertés.

Plus important encore, et c’est là où je veux en venir, toute autre attitude pourrait être instrumentalisée par les régimes arabes et musulmans qui justifieraient, et dans le passé et surtout dans le futur, leurs mesures répressives contres les opposants politiques et les voix dissidentes, en collant à ces derniers des penchants athéistes, ou en les accusant de se moquer des symboles religieux pour mettre leurs vies en danger ou, au moins, les discréditer auprès de l’opinion publique et ainsi détruire leurs carrières politiques ou affaiblir leur activisme et militantisme. On sait, o combien très bien, comment les régimes arabes instrumentalisent le sentiment religieux de leurs populations pour asseoir davantage leur légitimité et surtout éliminer leurs adversaires. Cela a même amené un certain Saddam à ajouter « Allaho Akbar » au drapeau Irakien … Attention donc au revers de la médaille… La lutte pour la démocratie est déjà compliquée !
(1) Elisabeth Guigou, ancienne ministre de la justice, députée de Seine-Saint-Denis, a affirmé que "La liberté de la presse est un principe absolu avec lequel on ne peut pas transiger. Il n'y a pas en France et dans les pays européens de censure administrative et politique. Seuls les tribunaux peuvent trancher s'il y a violation des lois". Les dessins à l'origine de la polémique sont "pour la plupart médiocres". L'un d'eux est "franchement odieux, celui qui assimile l'islam au terrorisme", a-t-elle dit. Il s'agit d'"un amalgame absolument inadmissible et je comprends qu'il choque et blesse les musulmans, car l'islam est une religion de paix", a-t-elle ajouté. Elisabeth Guigou a estimé "aussi important de regarder les répercussions politiques" de cette polémique et "pourquoi aussi cette affaire explose quatre mois après la publication des dessins".
(2) Les exemples d’incohérence sont légion. Je rappelle ici, par exemple, qu’après les huées de l’hymne national Français par quelques supporters d’origine Algérienne en octobre 2001, voici ce qui s’en est suivi : “Les députés se sont prononcés jeudi à l’unanimité pour instaurer une peine de six mois de prison et 7 500 euros d’amende pour les outrages au drapeau français et à la Marseillaise. Cet amendement au projet de loi pour la sécurité intérieure a été pris à l’initiative d’un vice-président de l’Assemblée nationale Rudy Salles (UDF), qui a rappelé l’émotion suscitée par les sifflets qui avaient accueilli l’hymne national au Stade de France, à l’occasion du match amical France-Algérie, le 6 octobre 2001 et de la finale de la Coupe de France, Bastia-Lorient, le 11 mai 2002.” Maintenant, je ne serais pas étonné que ces mêmes députés crient aujourd’hui au principe non négociable de la liberté d’expression. Le comble du ridicule…
D’autres exemples d’incohérence sont élucidés, dans les articles suivants, entre autres:

Monday, January 16, 2006

CAN2006 - Le Rendez-Vous manqué avec la Culture de Vaincre

Badou Zaki comptait bien honorer son contrat qui expirait juste après la coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2006 en Egypte. Les pressions de quelques dirigeants de la FRMF ont finalement obligé l’ex gloire du foot national à jeter l’éponge et démissionner à … trois mois du rendez-vous Africain. Phillipe Troussier fut alors choisi comme sélectionneur. A la hâte. Il faut dire que l’objectif premier était d’abord de se débarrasser de Zaki … Le challenge soumis à Troussier consistait à qualifier l’Equipe nationale pour la CAN 2008 et la coupe du monde 2010. Pour ce qui est de la CAN 2006, sa tache devait être de sauver les meubles : Il ne sera pas jugé sur cette compétition puisqu’il n’aura pas bénéficié de temps suffisant pour préparer l’équipe. Seulement voilà, ce mariage de convenance fut de courte durée: "Nous avions des divergences de vues assez profondes et malheureusement nous ne pouvions continuer. On est arrivé à une rupture à l'amiable" déclara t-on à la fédération. Nous assistâmes alors au mariage forcé avec Fakhir. Pour le meilleur et pour le pire. Avec la mission de qualifier le onze national pour la CAN 2008, et, si affinités, continuer l’aventure en quête de nouvelles sensations (coupe du monde, JO). Et la CAN 2006 d’Egypte ? Eh ben, sauver les meubles, les sauver davantage... Pas de jugement sur cette compétition, pour les mêmes raisons. Rien de plus logique. Evidemment, s’il peut mener l’équipe loin dans la compétition, personne n’y verrait d’inconvénients.

Que serait-il passé si Zaki n’était pas poussé à la démission ? Le Maroc est l’actuel vice-champion d’Afrique et s’est fait éliminer in-extremis du Mundial d’Allemagne par la Tunisie, après une tournure des évènements, restée au travers de la gorge des Marocains. Dans ces circonstances, naturellement, la fédération ainsi que les supporters marocains auraient exigé de Zaki de ramener la coupe d’Afrique au Maroc. Ni plus ni moins. Aller en demi ou perdre en finale une seconde fois consécutive aurait été considéré comme un échec. Dommage que notre équipe nationale, sous la houlette d’un entraîneur national, ait perdu cette occasion en or de jouer une compétition sous haute pression. Dommage que le public Marocain ait perdu l’occasion de vivre une compétition avec le sentiment que seule la victoire finale est synonyme de succès. C’est ainsi que les grandes nations se forgent une culture de vaincre, à même de les amener à se surpasser dans les moments d’adversité élevée, et de les aider à surmonter la pression dans les grands rendez-vous.

Le Maroc, certes, peut se faire éliminer au 1er tour, mais il pourra tout autant se qualifier, et dans la foulée, aller loin dans la compétition. Cela tiendra à peu de choses. Indépendamment de son parcours, cependant, le Maroc a raté une occasion unique de vivre une compétition à l’instar des grandes nations de foot, telles que le Brésil, l’Argentine ou l’Italie, pour lesquelles, une seconde place est toujours synonyme d’échec. Dommage.

Thursday, December 01, 2005

Au sujet des langues étrangères – 2nde Partie.

« Plusieurs de mes coreligionnaires lisent des vers et des comptes de fées des Arabes, étudient les travaux des philosophes et théologiens Mohammedians, non dans le but de les réfuter mais pour apprendre à s’exprimer proprement, plus correctement et élégamment dans la langue arabe. Qui parmi eux a étudié l’Evangile, les Prophètes et les Apôtres ? Hélas ! Tous les talentueux jeunes chrétiens connaissent seulement la langue et la littérature des Arabes, lisent et étudient de manière assidue les livres arabes… Si quelqu’un parle des livres chrétiens, ils répondent d’un air méprisant qu’il ne mérite aucune attention ou quoi que ce soit. Quel dommage ! Les chrétiens ont oublié leur propre langue, et il est difficile de trouver une personne parmi mille qui peut écrire à un ami une lettre d’amitié décente en Latin. Mais il y a un nombre incalculable de personnes qui s’expriment très élégamment en Arabe, et rédigent des poèmes dans cette langue avec plus de beauté et plus d’art que ne le font les Arabes eux-mêmes. »

Le texte ci-dessus n’est pas un fantasme. Il a bien été rédigé au 9ème siècle en Espagne par l’évêque de Cordoba, Alvaro (la traduction (rapide) de l’anglais est mienne. J’ai trouvé cette citation dans un livre ou l’auteur réfère lui-même à ce bouquin : « History of the Byzantine Empire » par A. A. Vasiliev) .

Remplacez les mots Chrétien/Latin par Musulman/Arabe, et le texte deviendra d’une actualité étonnante. Ces propos seraient, alors, tenus à longueur de journée par nos coreligionnaires ou concitoyens. Le cri de l’évêque Alvaro nous permet également d’analyser notre situation avec plus de recul et de nous rendre à l’évidence, à savoir que le déclin d’une société a une incidence directe sur le déclin de sa langue (de ses langues). Les raisons de la marginalisation et du déclin, je les résume, à chaud et rapidement dans les trois points suivants :

1. L’abandon ou la négligence de la langue maternelle par nécessité. Par exemple, dans le domaine des sciences et de la technologie, à l’heure actuelle, on utilise le français ou l’anglais par ce que rien n’a été fait (ou presque) pour rendre l’Arabe adéquate dans ce domaine (non traduction des livres étrangers, etc.).

2. Le sentiment d’infériorité vis à vis de la langue étrangère qui fait que certains préfèrent s’exprimer en langue étrangère pour se sentir supérieurs ou accéder à des privilèges. Cela n’est pas toujours vrai comme une discussion chez Lilli l’a récemment bien montré, mais la tendance générale correspond bien à cette motivation.
3. Les efforts des pays puissants ou anciens colonisateurs de faire perpétuer la dépendance des anciens pays colonisés vis à vis de leur « maître ». Les retombées de ces efforts sont nombreuses : dépendance économique, disponibilité de la main d’œuvre bon marché en cas de nécessité, disponibilité de la matière grise à bon marche aussi, en cas de besoin, etc.

Petite digression : il est intéressant de noter que TV5, le principal véhicule de propagande (pas dans le sens péjoratif) de la francophonie, malgré toutes les déclarations de « bonne volonté » exprimée dans la charte de cette dernière, essaie toujours, de faire perpétuer la dominance du nord vis à vis du sud. Les programmes de la chaîne restent dominés par les pays du Nord: France, Belgique, Suisse et Canada, qui proposent des journaux d’information, des films, des documentaires et magazines quotidiens alors que les pays du sud se voient dédier, sporadiquement, des émissions exotiques ou des journées « spéciales »…

Tuesday, November 15, 2005

Au sujet des langues étrangères – 1ère Partie.

Parler des langues étrangères, personne ne peut le nier, est bénéfique et salutaire. Les avantages sont multiples : ouverture sur le monde, richesse culturelle, etc. C’est nécessaire aussi pour suivre le rythme infernal du développement technologique. Cela est d’autant plus vrai quand on sait qu’un pays comme la Grèce traduit plus de livres que tout le monde arabe réuni ! Les planifications et les discours sur l’arabisation sont une farce, pas plus. L’arabisation ne peut reussir que si elle est introduite progressivement dans le cadre d’un développement de l’enseignement beaucoup plus ambitieux, et non l’inverse.

Le paradoxe est que je reste convaincu qu’une condition nécessaire de l’essor d’un pays comme le Maroc est l’état de l’arabisation (Amazighisation) de son enseignement et des ses institutions. Condition non suffisante certes, mais nécessaire. En d’autres termes, les Marocains quand ils auront contribué à l’essor de leur pays, en utilisant les avancées techniques dans des langues telles que l’Anglais ou le Français, auront à cœur –fierté identitaire oblige entre autres– de se pencher sur leur langue maternelle, pour accompagner ce développement. Du reste, il est difficile de trouver un pays développé (parfois même émergent) où une langue étrangère est préférée à la langue nationale.

La seconde partie traitera des facteurs influant sur la marginalisation d’une langue nationale.

P.S. Rédiger ce texte dans une langue étrangère n’est nullement ironique, mais reflète seulement l’état des lieux…