Sunday, September 18, 2005

L'arbitraire

On a beau chanter, qu’au Maroc, les annees de plomb, de l’arbitraire sont révolues. Mais ces qualifications sont généralement consacrées au champ politique. Dans la vie de tous les jours, l’arbitraire continue à faire office de système. L’histoire de Ait Sirahal en témoigne. Cet émigré en France a eu une altercation avec une personne dans un café, à Marrakech, où il passait ses vacances, la veille de son retour à son pays d’adoption. Quelques heures plus tard, il est décédé dans un commissariat après avoir été torturé… L’autre personne, elle, est relâchée car elle connaît des notables de la ville…

Le pire est que le commissaire, reconnu assassin de la victime, travaille toujours comme si de rien n’était. Lire les liens en bas de page de l’article en question pour en savoir plus sur le ridicule traitement de l’affaire par la justice, la parodie de justice plutôt.

Voilà qui nous fait rappeler, que dans certains aspects de la vie quotidienne, nous vivons toujours dans le moyen age. Il est fort à parier que la victime a été « lynchée » à cause (ou « grâce », du point de vue des tortionnaires !) des connaissances au haut niveau de l’autre protagoniste de la dispute.

Arbitraire, Clientélisme, Impunité : voici la « trilogie » gagnante pour les uns, celle qui hante la vie pour les autres. Pour des millions d’autres. Pour la racaille.

Sunday, September 11, 2005

L’équation islamiste selon Tel Quel

Dans son dernier éditorial, A. Reda Benchemsi (tiens bon, Reda, face au ridicule procès dont vous êtes victime !), parle de l’équation islamiste, plus précisément du PJD, dans le système politique Marocain. En résumé, le PJD, selon lui, est le parti ou la démocratie et la méritocratie sont les mieux respectées et appliquées en interne, et que, en conséquence, il dispose d’une base très impliquée. Seulement voilà, continue t-il, reconnaître cela est une chose, accepter le PJD au pouvoir en est une autre. Il dit être farouchement opposé à une éventuelle ascension du PJD pour des « raisons idéologiques ». Pour appuyer et conforter sa position, a posteriori ( !), il donne en exemple deux récents évènements. Dans le premier, survenant lors d’un forum du PJD à Kenitra, « un invité vedette a déclaré que l’ouragan Katrina qui a détruit la Nouvelle-Orléans était "un cadeau du ciel". Sous les acclamations des jeunes, malgré ce que cette assertion a de choquant. » Dans le second, « Cet été, Attajdid, si "modéré" soit-il devenu, a tout de même bruyamment protesté contre "la débauche et les mœurs déviantes" incarnées par les festivals musicaux gratuits… ». Ce qui fait du PJD, toujours selon Benchemsi, un parti efficace mais "à l’idéologie rétrograde, parfois à deux doigts du fascisme".

Quelques points en réaction:

1. Il faut saluer la sincérité de Benchemsi. Il relate les faits et donne, ensuite, son opinion, sans démagogie et hypocrisie, chères a certains de ses confrères, pour lesquels la fin justifie les moyens, et ont recours à toutes les ruses et à la désinformation pour discréditer l’adversaire. Il est révélateur, d’ailleurs, que cette sincérité vient d’une personne travaillant pour un journal indépendant et non partisan de tel ou tel parti politique.

2. Il faut condamner sans réserve le dérapage de cet invité déclarant que la tragédie de New Orleans était un "cadeau de Dieu". Décidément, après l’affaire Tsunami, on remet ça avec Katrina. N’est-il pas venu le temps d’apprendre ? Ce que je reproche à Reda, néanmoins, c’est croire ou faire croire, consciemment ou non, que ce genre de dérapage est inhérent à "ces raisons idéologiques". Qu’il ne s’agit pas plutôt d’un dérapage instrumentalisant la dite "idéologie". Une telle attitude ne fait que favoriser le dialogue des sourds entre les uns et les autres, ne fait qu’envenimer les malentendus, alors notre société a besoin d’un dialogue serein, dépassionné, pour établir une démocratie sur des bases solides.

3. Concernant "la débauche et les mœurs déviantes", là, il y a un vrai dérapage de Reda. Dans toutes les sociétés du monde, même les occidentales, il existe des associations, des institutions qui protestent contre "la débauche et les mœurs". A des degrés divers, il est vrai, mais elles existent. Aux US, en France, partout. Et on ne parle pas alors de fascisme et d’idéologie rétrograde ! Bien entendu, il ne s’agit pas ici d’affirmer que le PJD avait raison ou non, puisque je ne sais même pas ce à quoi il se referait. Mais une société est composée de plusieurs franges et chacune prône un modèle plus ou moins conservateur, plus moins libertaire, etc. Et sortir les mots "fascisme", "rétrograde", chaque fois qu’un modèle ne nous plait pas est un peu malsain !