Nous avons déjà entamé le débat sur la controverse liée aux caricatures scandaleuses du prophète. Il y a été question, notamment, du caractère haineux des dites caricatures bien sur, mais aussi de l’incohérence des musulmans quant au sentiment vis-à-vis des différents prophètes, de la réaction exagérée de certains musulmans ayant eu recours à la violence, du bien fondé ou non du boycott de point de vue éthique, ou de l’incohérence régnante en occident dans l’application trop biaisée du concept de liberté d’expression. D’autres points ont été soulevés également.
Qu’en t-il des enjeux politiques ? Beaucoup ont émis l’hypothèse selon laquelle la controverse serait revenue sur scène, quatre mois après son déclenchement, en raison d’une visite de quelques religieux musulmans du Danemark au Moyen Orient où ils auraient informé les leaders locaux de la gravité de l’affaire. Ces derniers auraient profité de l’aubaine pour détourner l’attention de leurs peuples de leurs souffrances actuelles et récurrentes telles que le scandale meurtrier lors du dernier pèlerinage ou, sur un plan plus général, leur lutte quotidienne pour la démocratie et pour les droits de l’homme. Cette analyse est un peu tronquée, car elle omet de mentionner qu’un journal Norvégien avait pris la liberté de republier les caricatures le 10 Janvier, prenant ainsi une grande responsabilité dans la recrudescence des manifestations. Ceci dit, l’analyse ci-haut comprend une part de vérité.
Indépendamment de ces considérations, il est important de prendre un peu de recul par rapport à l’indignation légitime suscitée par les caricatures. Il serait notamment crucial pour les musulmans de réclamer justice dans le cadre du droit démocratique. Cela implique qu’ils ne doivent pas récuser aveuglement le principe de liberté inconditionnelle de la presse avancé ici et là, car cela sous-entendrait que l’Islam s’oppose aux lois démocratiques. Si la loi dans un pays quelconque dicte que tout organe d’informations jouit de liberté totale de publier quoi que ce soit et que le seul recours pour les victimes éventuelles d’un lynchage quelconque est le recours à la justice qui pourrait, le cas échéant, punir l’organe en question, nous devrions l’accepter car cela relève du jeu démocratique. En conséquence, nous ne devrions pas, non plus, crier au scandale si les pays concernés n’émettent pas d’excuses au monde musulman en avançant qu’ils ne peuvent agir qu’une fois la justice saisie et que cette dernière déclare coupables les journaux incriminés. Car, en agissant de la sorte, nous serions encore une fois entrain de demander à ces pays de transgresser les principes de la démocratie. Je relève, au passage, que contrairement à la Isabelle Guigou (1), Jacques Chirac n’a pas adopté cette posture en déclarant seulement que la liberté d'expression était un des fondements de la République, et en appelant chacun au plus grand esprit de responsabilité, de respect et de mesure, sans pour autant mentionner explicitement que la justice pouvait être saisie et, que, le cas échéant, les journaux incriminés pouvaient être punis en conséquence.
Evidemment, les musulmans pourraient très bien dénoncer les gouvernements qui gêneraient la justice dans ses délibérations sur cette affaire ou même dénoncer la justice si elle se montre partiale ou incohérente par rapport à des polémiques précédentes (2). Du reste, les caricatures (du moins celle avec la bombe au lieu du turban, et celle liée aux vierges) sont d’un caractère tellement haineux et raciste que je ne vois pas comment une justice impartiale pourrait acquitter les journaux les ayant publiées.
Par cette attitude, les musulmans montreraient qu’ils ne sont pas contre les principes fondamentaux de la démocratie, notamment la liberté d’expression inconditionnelle d’une part, et la punition des violations de la loi après saisie de justice d’autre part. Cela, d’abord, couperait le souffle aux opportunistes occidentaux qui aimeraient profiter de cette occasion pour véhiculer davantage l’idée que l’Islam, par essence, est contre les libertés.
Plus important encore, et c’est là où je veux en venir, toute autre attitude pourrait être instrumentalisée par les régimes arabes et musulmans qui justifieraient, et dans le passé et surtout dans le futur, leurs mesures répressives contres les opposants politiques et les voix dissidentes, en collant à ces derniers des penchants athéistes, ou en les accusant de se moquer des symboles religieux pour mettre leurs vies en danger ou, au moins, les discréditer auprès de l’opinion publique et ainsi détruire leurs carrières politiques ou affaiblir leur activisme et militantisme. On sait, o combien très bien, comment les régimes arabes instrumentalisent le sentiment religieux de leurs populations pour asseoir davantage leur légitimité et surtout éliminer leurs adversaires. Cela a même amené un certain Saddam à ajouter « Allaho Akbar » au drapeau Irakien … Attention donc au revers de la médaille… La lutte pour la démocratie est déjà compliquée !
Qu’en t-il des enjeux politiques ? Beaucoup ont émis l’hypothèse selon laquelle la controverse serait revenue sur scène, quatre mois après son déclenchement, en raison d’une visite de quelques religieux musulmans du Danemark au Moyen Orient où ils auraient informé les leaders locaux de la gravité de l’affaire. Ces derniers auraient profité de l’aubaine pour détourner l’attention de leurs peuples de leurs souffrances actuelles et récurrentes telles que le scandale meurtrier lors du dernier pèlerinage ou, sur un plan plus général, leur lutte quotidienne pour la démocratie et pour les droits de l’homme. Cette analyse est un peu tronquée, car elle omet de mentionner qu’un journal Norvégien avait pris la liberté de republier les caricatures le 10 Janvier, prenant ainsi une grande responsabilité dans la recrudescence des manifestations. Ceci dit, l’analyse ci-haut comprend une part de vérité.
Indépendamment de ces considérations, il est important de prendre un peu de recul par rapport à l’indignation légitime suscitée par les caricatures. Il serait notamment crucial pour les musulmans de réclamer justice dans le cadre du droit démocratique. Cela implique qu’ils ne doivent pas récuser aveuglement le principe de liberté inconditionnelle de la presse avancé ici et là, car cela sous-entendrait que l’Islam s’oppose aux lois démocratiques. Si la loi dans un pays quelconque dicte que tout organe d’informations jouit de liberté totale de publier quoi que ce soit et que le seul recours pour les victimes éventuelles d’un lynchage quelconque est le recours à la justice qui pourrait, le cas échéant, punir l’organe en question, nous devrions l’accepter car cela relève du jeu démocratique. En conséquence, nous ne devrions pas, non plus, crier au scandale si les pays concernés n’émettent pas d’excuses au monde musulman en avançant qu’ils ne peuvent agir qu’une fois la justice saisie et que cette dernière déclare coupables les journaux incriminés. Car, en agissant de la sorte, nous serions encore une fois entrain de demander à ces pays de transgresser les principes de la démocratie. Je relève, au passage, que contrairement à la Isabelle Guigou (1), Jacques Chirac n’a pas adopté cette posture en déclarant seulement que la liberté d'expression était un des fondements de la République, et en appelant chacun au plus grand esprit de responsabilité, de respect et de mesure, sans pour autant mentionner explicitement que la justice pouvait être saisie et, que, le cas échéant, les journaux incriminés pouvaient être punis en conséquence.
Evidemment, les musulmans pourraient très bien dénoncer les gouvernements qui gêneraient la justice dans ses délibérations sur cette affaire ou même dénoncer la justice si elle se montre partiale ou incohérente par rapport à des polémiques précédentes (2). Du reste, les caricatures (du moins celle avec la bombe au lieu du turban, et celle liée aux vierges) sont d’un caractère tellement haineux et raciste que je ne vois pas comment une justice impartiale pourrait acquitter les journaux les ayant publiées.
Par cette attitude, les musulmans montreraient qu’ils ne sont pas contre les principes fondamentaux de la démocratie, notamment la liberté d’expression inconditionnelle d’une part, et la punition des violations de la loi après saisie de justice d’autre part. Cela, d’abord, couperait le souffle aux opportunistes occidentaux qui aimeraient profiter de cette occasion pour véhiculer davantage l’idée que l’Islam, par essence, est contre les libertés.
Plus important encore, et c’est là où je veux en venir, toute autre attitude pourrait être instrumentalisée par les régimes arabes et musulmans qui justifieraient, et dans le passé et surtout dans le futur, leurs mesures répressives contres les opposants politiques et les voix dissidentes, en collant à ces derniers des penchants athéistes, ou en les accusant de se moquer des symboles religieux pour mettre leurs vies en danger ou, au moins, les discréditer auprès de l’opinion publique et ainsi détruire leurs carrières politiques ou affaiblir leur activisme et militantisme. On sait, o combien très bien, comment les régimes arabes instrumentalisent le sentiment religieux de leurs populations pour asseoir davantage leur légitimité et surtout éliminer leurs adversaires. Cela a même amené un certain Saddam à ajouter « Allaho Akbar » au drapeau Irakien … Attention donc au revers de la médaille… La lutte pour la démocratie est déjà compliquée !
(1) Elisabeth Guigou, ancienne ministre de la justice, députée de Seine-Saint-Denis, a affirmé que "La liberté de la presse est un principe absolu avec lequel on ne peut pas transiger. Il n'y a pas en France et dans les pays européens de censure administrative et politique. Seuls les tribunaux peuvent trancher s'il y a violation des lois". Les dessins à l'origine de la polémique sont "pour la plupart médiocres". L'un d'eux est "franchement odieux, celui qui assimile l'islam au terrorisme", a-t-elle dit. Il s'agit d'"un amalgame absolument inadmissible et je comprends qu'il choque et blesse les musulmans, car l'islam est une religion de paix", a-t-elle ajouté. Elisabeth Guigou a estimé "aussi important de regarder les répercussions politiques" de cette polémique et "pourquoi aussi cette affaire explose quatre mois après la publication des dessins".
(2) Les exemples d’incohérence sont légion. Je rappelle ici, par exemple, qu’après les huées de l’hymne national Français par quelques supporters d’origine Algérienne en octobre 2001, voici ce qui s’en est suivi : “Les députés se sont prononcés jeudi à l’unanimité pour instaurer une peine de six mois de prison et 7 500 euros d’amende pour les outrages au drapeau français et à la Marseillaise. Cet amendement au projet de loi pour la sécurité intérieure a été pris à l’initiative d’un vice-président de l’Assemblée nationale Rudy Salles (UDF), qui a rappelé l’émotion suscitée par les sifflets qui avaient accueilli l’hymne national au Stade de France, à l’occasion du match amical France-Algérie, le 6 octobre 2001 et de la finale de la Coupe de France, Bastia-Lorient, le 11 mai 2002.” Maintenant, je ne serais pas étonné que ces mêmes députés crient aujourd’hui au principe non négociable de la liberté d’expression. Le comble du ridicule…
D’autres exemples d’incohérence sont élucidés, dans les articles suivants, entre autres:
10 comments:
Jallal t’as majestueusement fais le tour de la question. Je suis d’accord avec toi sur toute la ligne . Le dernier paragraphe de ton décryptage m’a particulièrement réjouit.
j’aimerais, comme d’hab, rajouter une petite nuance.
Sur les réponses politiques ou juridiques à apporter à cette provocation il convient de raisonner en terme d’états-nation et non de communauté internationale. Les caricatures en question ne constituent pas nécessairement un délit selon qu’on est au Danemark en France ou en Iran. Dans chaque nation les personnes blessés devraient faire avec les législations nationales et les règles locales.
On me dira que justement ce genre de dérapage n’est pas prohibés par les lois de ces pays. Et c’est justement là ou je veux en venir : Il y a quelques six millions de musulmans français, qui mathématiquement ont un poids électoral, mais politiquement ne représentent rien. C’est là ou le bat blesse. Malgré leur nombre ils pèsent pas politiquement. Si c’était le cas on pourrait facilement penser que les politiques apporteraient des réponses et légifèreraient (comme dans ton exemple de l’hymne national) pour répondre à la pression politique d’ un électorat qui compte. Mais c’est pas le cas.
D’accord avec toi, Larbi, sur le poids électoral et politique que les musulmans devraient cherchaient à acquérir. Une telle démarche, j’en conviens, permettrait aux musulmans, à moyen et à long terme, de traiter égal a égal avec les autres composantes des sociétés occidentales. C’est en tout cas largement mieux que d’en rester aux réactions émotionnelles.
Quant au raisonnement « en terme d’états-nation et non de communauté internationale », je suis d’accord qu’il devrait s’ensuivre naturellement si l’on se prête au jeu démocratique et si nous parlons de démarches judiciaires et autres de ce type. Si nous parlons de manifestations tout court, montrant l’indignation générale, il est correct et même souhaitable qu’elles soient au nom de la communauté internationale, à l’instar par exemple des manifestations anti-guerre d’Iraq et autres.
En effet belle analyse Jallal.
Moi, je me suis contenté de dire la semaine dernière que :
> Cette polémique n'a été déclenchée véritablement qu'après la victoire du hamas, c'est à dire 4 mois après la publication de ces carricatures.
Je peux de là préjuger qu'elle est téléguidée pour guerroyer en Syrie et en Iran
> Les gouvernants arabes, vues leurs animosités mutuelles des uns envers les autres attisent le feu chez leurs prétendus frères.
> Cela laissait le temps à Israel de trouver un premier ministre qui puisse agir en cas de débordements plus graves.
> La liberté d'expression ne permet aucunement d'offenser la liberté d'opinion d'autrui. Il n'y a qu' à voir ce qui se passe en france. On taxe les intellectuels ou les humoristes d'antisémites pour le moindre mot.
Shame on us if we do not denounce this. We won't ever have democracy and freedom if we do not stand up to this.
----------------------------------
> Angry demonstrators mob Le journal hebdomadaire over controversial
> cartoons
>
>
> Reporters Without Borders has appealed for calm after hostile
> demonstrations were staged in Morocco on 14 February 2006, in front of
> the head offices of Le Journal Hebdomadaire after the spread of
> malicious rumours that it had published the cartoons of the Prophet
> Mohammed.
>
> "We express our solidarity with Le Journal Hebdomadaire, target of a
> campaign of vilification. Making false accusations against this paper,
> particularly in the current political context, is unwise and
> dangerous," said Reporters Without Borders. "We urge the Moroccan
> authorities to calm things down after the recent events that have
> shaken the Arab world."
>
> In its 11 February 2006 edition, Le Journal Hebdomadaire carried a
> photo from Agence France-presse (AFP) showing a reader of France Soir
> holding a copy containing the 12 Danish cartoons. The photo was to
> illustrate a chronology of events in a 10-page report, "The Prophet
> Mohammed: the symbol, the passions" in which opinions were given by
> eminent experts on Islamic politics and religious imagery. Despite the
> fact that the cartoons in the picture were minuscule (each one was no
> more than 3mm across), the management of Le Journal Hebdomadaire
> decided before the magazine was even printed, to avoid any chance of
> it being made us of or hijacked in any way, to obliterate the cartoons
> with indelible ink before they reached the newsstands.
>
> On 13 February 2006, public TV channels 2M and TVM reported on their
> evening news broadcasts that there was a "demonstration" in front of
> the parliament in Rabat against "the publication of the cartoons of
> the prophet by Le Journal Hebdomadaire". The "demonstrators" who were
> shouting slogans against the weekly were not identified in the report.
> Neither TV channel at any time contacted Le Journal Hebdomadaire to
> get its version of events or its reaction.
>
> The commentator on 2M said that "this newspaper is known for clashing
> with public opinion by taking up stances contrary to the sacred values
> of our country". He also said "Le Journal tried to get the
> demonstration cancelled."
>
> Questioned by Reporters Without Borders, the editor of the magazine
> said "no journalist on the magazine was even aware of the holding of
> such an event."
>
> The organisation publishes extensive extracts from the statement by Le
> Journal Hebdomadaire, in reply to the demonstrations which were held
> in front of parliament and its offices on 13 and 14 February
> 2006:
>
> "We believe it is incitement to hatred with the objective of
> misinforming public opinion and to expose Le Journal Hebdomadaire to
> popular outrage in a particularly explosive context. On its side and
> in the same vein, the London-based pan-Arab Acharq Al Awsat carried in
> its 13 February 2006
> (n°9939) an article headlined 'A Moroccan magazine insists on
> publishing images injurious to Islam'. This article also accuses Le
> Journal Hebdomadaire of clashing head-on with Moroccan's sacred
> values.
>
> "At around 9am on 14 February 2006, elements of the city police (GUS)
> and the National Police threw a security cordon opposite the entrance
> to the building housing the offices of Le Journal Hebdomadaire in
> Casablanca. Questioned about it, police officers said it had been set
> up because of a planned demonstration due to take place in the morning
> 'because of the publication by Le Journal Hebdomadaire of cartoons of
> the Prophet'.
>
> "Around 10am, several vehicles belonging to Casablanca's urban
> council, under the control of the Interior Ministry, dropped off
> around one hundred people, men, women and children to whom they
> distributed placards, Moroccan flags and
> banners for demonstrating. These people were
> surrounded by officials from Casablanca's Prefecture and city council.
> The leaders, equipped with loudspeakers, harangued the crowd, shouting
> anti-Semitic and extremist slogans such as 'Tremble Oh Jews!
> Mohammed's army is back" and 'Through our souls and our blood we will
> avenge you Oh Prophet!' A real call to murder and racial hatredŠ
>
> "Questioned by journalists, one badge-wearing young leader said: 'I am
> a community militant.
> The council asked us to come here to demonstrate against the ill-doers
> who have sullied the image of the Prophet'Š
>
> "One old woman said, 'The council brought us here as usual because
> they recompense us for this type of action. I confess I don't know
> what it's really all about'Š
>
> "One of the leaders responsible for collecting up the banners and
> placards called out to the crowd, 'Be ready for more action in front
> of this newspaper's printers and distribution company!'
>
> "In the early afternoon, the state news agency MAP contacted a number
> of heads of political parties, members of civil society,
> representatives of the community and local NGOs to get them to react
> to 'the publication of the cartoons of the Prophet by Le Journal
> Hebdomadaire'. On the other hand, when we took the trouble to contact
> the major Islamist movements said they had nothing to do with the
> demonstrations. Moreover, one of the leaders of the PJD, the leader
> Islamist party with seats in parliament, told us that there had been
> "an attempt to manipulate party militants, messages were sent to them
> calling on them to take part in the demonstrations against the weekly.
>
> "It is therefore evident that there has been a crude manipulation
> orchestrated by the state and its media.
>
> "It is obvious that the state - through the media that it controls -
> was seeking by every possible means (as it tried to do for several
> weeks including through the 2M press review) to destroy the image of
> our publication, even to incite hatred and violence. Let us not forget
> that this comes on the eve of a verdict expected on 16 February 2006
> in the case of the Brussels-based European Strategic Intelligent and
> Security Centre ('ESISC), which is seeking damages of not less than 5
> million dirhams (450,000 euros!) from Le Journal Hebdomadaire for
> having criticised its 'study' on Polisario separatists, a study that
> lacked credibility and was clearly drawn from the official positions
> of Moroccan diplomacy."
C’est vrai, Crucivore, que le cynisme et l’opportunisme ont été de mise dans cette affaire. Tous ceux qui ont pu tirer profit de cette affaire, d'une manière ou d'une autre, n’ont pas hésité à le faire.
Jawad,
Je suis très choqué par cette information.
L’article que tu viens de poster ici, est l’exemple parfait de ce que j’ai discuté dans ce billet. Je disais effectivement qu’il fallait faire attention à la manière de faire valoir notre indignation, car certains gouvernements arabes pourraient bien instrumentaliser cette affaire pour discréditer les opposants et les militants pour les justes causes. Le comble maintenant est que c’est notre cher Makhzen qui a instrumentalisé ces caricatures, dans le but clair de museler le très brillant Journal-hebdo connu pour son indépendance et son travail sérieux. Je trouve scandaleux qu’on essaie de discréditer ce journal aux yeux de l’opinion publique moyennant de graves accusations sans fondement, tout en se jouant des émotions du peuple. Cette dérive est très grave, et je partage entièrement ton opinion que ça serait honteux si nous ne dénonçons pas ce qui vient d’arriver. Merci beaucoup de nous avoir alertés sur cette affaire.
Jallal, comme les autres, je trouve que ton post est tres bien. Une question: pourquoi n'est-il pas "evident" pour les musulmans du monde non occidental que les reactions doivent etre "politiques" et surtout "judiciaires"? Pourquoi ce deferlement de violence? Pourquoi ces differences de concption dans la maniere de reagir a ce qi est considere comme une agression, une insulte?
Par contre, je dois dire que je suis decue (touchee dans mon ego, a vrai dire), que tu aies promu le boycott de produits francais (sur Current Events)! Yallah, moi aussi je vais reagir en personne touchee dans sa dignite et dans son chauvinisme nationaliste!...
Oui, dans mon premier post sur le sujet sur « current events », j’ai dit que la brulure des drapeaux était du non sens, cela avant même qu’on assistait à la destruction d’ambassades et d’autres violences extrêmement graves et inadmissibles.
Pourquoi n'est-il pas "evident" pour les musulmans du monde non occidental que les reactions doivent etre "politiques" et surtout "judiciaires"?
A vrai dire, je risque de te surprendre, mais je ne pense pas que cela soit aussi « évident » que cela. Regardes ce qui est arrivé, il y a moins de 20 ans en Occident :
"En 1988, la sortie du film de Martin Scorsese, « La dernière tentation du Christ », déchaîne les passions tant en Europe qu’aux Etats-Unis. En France, « Après trois semaines de diffusion dans dix-sept salles parisiennes, les projections devenant trop menaçantes, seules deux salles poursuivirent la distribution. […] L’on assiste à des manifestations, à des jets de gaz lacrymogènes, de bris de glaces, de cocktails Molotov, à la destruction de salles de cinéma, à des menaces écrites, orales… Le cinéma Saint-Michel [Paris], qui projette le film, est détruit, l’incendie provoqué par un groupe intégriste faisant une dizaine de blessés. Des radios encouragent les fidèles à déchirer les sièges de salles qui diffusent le film. Des actes similaires sont commis dans les villes de province, toute la France est ébranlée, alors que le Front National déclare l’urgence de s’emparer des bobines d’un tel film, et de les détruire coûte que coûte."
On parle ici de l’Occident avec sa tradition laïque et démocratique, en plus de sa modernité et en plus de la marginalité de la religion en son sein. De l’autre coté, non seulement la religion est centrale dans la société musulmane, mais le monde musulman est sous développé et est non démocratique. Si ce n’est pas tellement evident en Occident, on comprend qu’il le soit largement moins dans le monde musulman. Donc ma réponse à ta question est sommairement le sous développement et l’absence de démocratie qui font que les « masses » réagissent aux « insultes » par des moyens non démocratiques. J’ai dit, on comprend, Sonia, mais cela ne veut pas dire qu’on accepte. Au contraire, on doit répéter tout le temps que c’est inadmissible et que le fait qu’il y ait eu quelques incidents en Occident ne peut être pris pour alibi pour les musulmans, car d’abord les proportions dans les 2 cas n’ont rien à voir l’une avec l’autre et ensuite les maladresses qui ont lieu parfois en Occident ne peuvent être prises comme excuse, car ce sont des maladresses inacceptables également. On doit répéter tout cela, enfin, car c’est une manière également d’œuvrer pour plus de démocratie et de développement humain dans le monde musulman.
---------------
Sinon, pour ton 2eme point, dois je comprendre que tu as des origines françaises !!? Tu te dis déçue, touchée dans ton ego, touchée dans sa dignité et dans son chauvinisme nationaliste. AlQadiya hamda à ce que je vois, Ewa ghir 3almini ba3da bach neskout chouya ! Ana mabghit 7ta chi déception ici, et encore moins que l’on soit touché dans son ego et dans sa dignité.
Plus sérieusement, je n’ai pas promu le boycott sur « Current Events ». Probablement, tu n’as pas eu le temps de lire toute la longue discussion là bas, mais je répondais à un intervenant qui pensait que le boycott était légitime et souhaitable. J’ai répondu au tout début que le boycott pouvait être une solution car cela relevait du choix des gens de le faire ou non. Mais cela était ma réaction à chaud pour signifier qu’au moins le boycott était largement plus acceptable que les violences (que j’estimais exagérées mais que l’intervenant trouvait insuffisantes). Mais par la suite, j’ai affirmé que les gens supportant le boycott devaient y réfléchir 2 fois, car s’il sont pour, ils doivent boycotter non seulement le Danemark, mais pas mal de pays, incluant la France, dont les médias ont repris les caricatures, ainsi que les US et ses alliés, dont le Japon, dans la guerre d’Iraq. Après, j’ai affirmé finalement que le seul boycott acceptable selon l’éthique est le boycott sélectif qui concernerait seulement les compagnies, qui sommées par une instance musulmane de haut niveau d’émettre une déclaration qu’elles sont contre les caricatures, refuseraient de le faire. Cela ne coûte rien à une compagnie de le faire, et ça prend quelques minutes. Je répète ici que le boycott était logique seulement si les compagnies étaient explicitement invitées à se prononcer contre les caricatures mais refusaient de le faire. C’était ma position finale lors de cette discussion. Je la trouvais justifiée, à ce moment là, car, dans le peu que j’avais lu jusque là, je n’avais pratiquement pas entendu de justice ou des poursuites judiciaires. J’entendais Chirac dire que la liberté d’expression était non négociable et que les médias devaient néanmoins faire preuve de responsabilité. J’entendais le ministre Danois refuser de recevoir des dignitaires musulmans de son pays, etc., etc. Cela était inadmissible à mon sens. Inadmissible d’accepter de rester à la merci de la responsabilité d’un journal ici et d’un journal là. Je voyais la chose comme un bras de fer, où les musulmans n’avaient aucun moyen de réclamer justice. C’est par la suite, quand j’ai lu des gens parler de la justice que j’ai changé mon opinion sur le boycott. Maintenant, je suis contre le boycott, sélectif ou non. Mais, si France Soir et Charlie Hebdos sont déclarés coupables par la Justice, les musulmans peuvent décider de boycotter les compagnies qui sponsorisent ces deux journaux. Voilà.
Merci de me permettre cette mise à jour sur mon point de vue. Remarques que sur “Current Events”, je n’ai pas évoqué du tout les poursuites judiciaires comme le seul moyen correct de réagir (en plus des manifestations pacifiques). C’est une réflexion dont j’ai été convaincue par la suite, en réfléchissant un peu plus, et qui a fait finalement l’objet de mon billet ici.
Morale de l’histoire, je me fais toujours plaisir d’acheter le Camembert ici, et d’acheter Orangina, pour son goût (si si, on peut la trouver !). Et je ne promeus pas l’invitation des 2 compagnies à se prononcer sur quoi que ce soit !
Jallal, merci de tes explications. Tu enonces 3 raisons a ce deferlement de violence et de reactions cutanees:
1. Place primordiale de la religion
2. Sous-developpement
3. Manque ou pas de democratie
Je crois que pour les 2 derniers points, tout le monde s'accorde pour affirmer que ce sont des problemes.
Pour le premier, je prefere laisser ce point de cote.
Au final, les causes de ces debordements sont a aller chercher au sein de ces pays, car les caricatures n'ont servi que de declencheur... Ces caricatures sont vraiment debiles, surtout vu le contexte geo-politique international ou effectivement on doit agir avec responsabilite, mais a mes yeux, le probleme n'est pas dans les caricatures, mais dans les reactions violentes et chaotiques. Car les caricatures de pretres et cures homos, il doit y en avoir a la pelle, ou sur les juifs qui creveraient pour de l'argent! Ou dernierement, en Pologne (stp note le pays!...), un magazine a publie en couverture une representation de la Vierge Marie avec ... le visage de Madonna! Cela a provoque un tolle mais bon, pas de casse.
La ou je veux en venir, c'est ok, on peut critiquer les caricatures comme on veut, c'est le droit le plus strict de tout un chacun, mais il faut reagir dans les regles, sinon toute lecon de morale et de respect envers l'offenseur perd son poids! Moi, j'ai ete choquee de voir l'Ambassade de France, je crois en Syrie ou au Liban, prise d'assaut, meme de maniere mineure en comparaison aux ambassades danoises et norvegiennes. Je considere en mon for interieur cela comme une agression (enfin, c'est personnel, je ne sais pas pour les Francais en general), mais c'est pas pour autant que je vais aller demander des comptes a mes connaissances syriennes ou libanaises! Et la solution de ces problemes de mesure de comportements dans les pays arabo-musulmans est a chercher dans les pays en question, pas chez "l'Occident offenseur".
Sinon, oui je suis Francaise. De mere Marocaine et j'ai essentiellement grandi au Maroc, d'ou mon comportement "cameleon";-)
Sonia, merci pour ta réponse. Tu as raison de préférer laisser de cote le point 1. sur la place centrale de la religion. Je le considérais comme un catalyseur et non comme une raison. Je trouve, aussi, pertinente ta remarque "mais il faut reagir dans les regles, sinon toute lecon de morale et de respect envers l'offenseur perd son poids! ".
Sinon, je suis d'accord avec toi sur toute la ligne.
“Sinon, oui je suis Francaise.”
Je me disais bien que ton coté gueulard cachait qq chose:-)
Just kidding !
Post a Comment